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Précis historique extrait des manuscrits de Christian Pingeon 

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epuis leurs origines, pour des raisons de sécurité les portes sont de dimensions réduites, munies d'un seul vantail, aux ais souvent cloutés ou reliés par de solides pentures de fer ne livrant passage qu'à une seule personne à la fois.
Elles ne s'ouvrent que de l'intérieur, se rabattent dans l'ébrasement des murs et sont munies de fortes serrures et verrous. Les portes extérieures sont percées de judas grillés.

Les tambours de portes appelés porches de chambres au quinzième siècle, placés en angle, forment un sas thermique à l'entrée des chambres à coucher (chambre du lit) comme on en voit encore au château de Villeneuve-Lembron (Puy-de-Dôme), et à l'Hôtel-Dieu de Beaune (Côte d'Or).

Les volets intérieurs des fenêtres à meneaux, garnies de vitreries géométriques ou de verrières décoratives, serties de plomb, conservent leur division en petits panneaux assemblés à onglets. Ils sont dits "à deux parements" lorsqu'ils sont peints sur les deux faces, comme à la galerie du château d'Oiron.

Au seizième siècle, peu de modifications sont apportées aux portes et aux volets, en revanche les fenêtres s'ouvrent davantage sur l'extérieur et un décor fixe de boiseries lambrissées surmontées de peintures ou de tentures remplace de plus en plus le décor mural mobile.
François 1er fait agrandir les fenêtres du vieux Louvre médiéval pour la réception de Charles Quint.
Henri II, en 1551, confie au bolonais Tesco Mutio le soin de fonder une verrerie à Saint-Germain-en-Laye. Le vitrail historié civil semble être d'un usage constant dans les demeures luxueuses. Les vitraux peints en grisaille de la galerie de Psyché du château d'Ecouen, remontés au château de Chantilly, tout comme les restes de ceux du château d'Anet, illustrent cet art de cour de goût savant, imité des maîtres Italiens dont les gravures de Domenico del Barbiere (1506-1565); Antonio Fantuzzi et René Boyvin (1530-1598) diffusent les inventions renouvelées de l'Antiquité. Pour les vitreries à losanges ou à bornes, les verres plats incolores sont aussi fabriqués en Lorraine, à partir de "bouteilles" soufflées, ouvertes à chaud.
On souffle aussi des boules, qu'on étame au plomb pour y découper des miroirs convexes de petite taille et richement encadrés.
Ces modifications apparaissent d'abord dans les résidences royales et dans les demeures de la haute noblesse, des bourgeois remplissant les grandes charges de l'administration du royaume et des parvenus qui tiennent grand état.

Les portes sont généralement à un seul vantail, sauf dans les grandes salles des châteaux royaux où le cérémonial veut qu'elles ne soient ouvertes "à deux vantaux" que pour le roi et les princes du sang. Elles sont décorées de sculptures et de dorures comme celles du château de Chambord, ou une porte provenant d'Orléans et qui est au Musée du Louvre, ou celle du château d'Anet maintenant à l'Ecole des Beaux-Arts à Paris. Toutefois, Philibert de l'Orme, parlant des portes écrit : " Ayant à y faire ornements, moulures ou corniches, je n'en serai point d'avis, ce serait argent perdu, car lesdits ornements ne se voient, à cause de la tapisserie qui est toujours devant une porte."

Pour des raisons de sécurité les ouvertures du rez-de-chaussée donnant sur l'extérieur sont défendues par des grilles simples à barreaux verticaux. Pour les mêmes raisons, les portes cochère sont faites d'un assemblage d'épais petits panneaux de menuiserie ferrée, renforcée au revers. On les peint à l'huile en gris ou en couleur de bois, comme les fenêtres. Les portes des vestibules sont souvent munies de grilles de protection, ménageant une transparence du bâtiment. Ces grilles sont exceptionnellement faites d'acier poli comme au vestibule du château de Maisons (Aujourd'hui au Louvre). Généralement en fer forgé comme au salon de Vaux-le-Vicomte, ou en fer doré comme à Versailles, elles ouvrent sur le jardin auquel on accède par un pont-levis jeté sur les douves. Aux fenêtres les meneaux de pierre disposés en croix sont remplacés par des meneaux de bois moulurés en quart-de-rond qui divisent les croisées en quatre ou six châssis garnis de verre serti de plomb, au réseau de losange ou de bornes. Puis apparaissent les premières croisées à petits bois, avec des carreaux de verre de Lorraine de huit pouces six lignes (23 cm), qui sont les dimensions d'une bouteille soufflée déroulée. Ces carreaux sont irréguliers, teintés de violet (manganèse) ou de vert, avec des bulles. Dans son édition de 1699, le "Cours d'Architecture", Augustin Charles Daviler mentionne les croisées garnies de verre serti de plomb. L'édition de 1730 note l'usage grandissant des carreaux tenus dans des petits bois calfeutrés avec du papier permettant une dépose facile pour le lavage.

Les guichets ouvrants sont fermés par des targettes. Leurs volets, morcelés selon la division des fenêtres sont par la suite faits d'une seule pièce comme au château de Brissac (Maine-et-Loire). Dans certains intérieurs représentés par Abraham Bosse, on trouve des fenêtres à châssis coulissants, dites fenêtres à châssis, d'où a dérivé le nom de sash window en Angleterre.

A l'intérieur, le décor des portes à un seul vantail continue celui des boiseries dans lesquelles elles s'insèrent sous l'entablement, et le soir, les volets fermés dits guichets, à deux parements, complètent le décor des murs. On trouve aussi des portes à deux vantaux ornées de sculptures en haut relief, comme au vestibule de la chapelle du château de Fontainebleau, par Gobert, et des portes "à placards" entourées d'un cadre saillant couronné d'ornements.

A partir de la seconde partie du dix-septième siècle, montées avec des fiches à broche et toujours placées en enfilade, les portes "à placards" avec leurs deux vantaux, exigées par l'étiquette, sont doublées en hiver par des portières de tissu. Pour respecter la symétrie, elles sont répétées en pendant de l'autre côté de la cheminée et de son vis-à-vis, ce qui motive les plaintes de Madame de Maintenon: " avec lui, (le roi) il n'y a que grandeur, magnificence et symétrie. Il vaut mieux essuyer tous les vents coulis des portes, afin qu'elles soient vis-à-vis les unes des autres..."

Dans les pièces principales les vantaux placés au droit des boiseries, se rabattent dans les embrasements des murs de refend.

A partir de la fin du dix-septième siècle, dans les plus beaux hôtels parisiens, les grandes pièces sont éclairées par des hautes croisées ou fenêtres à la française qui vont du sol à la corniche.

"On perce les édifices presque tout à jour aujourd'hui". Ce sont des croisées à petits châssis, de même finition à l'intérieur que les boiseries, tandis qu'à l'extérieur on les tient dans le ton de la pierre (et non en blanc pur).
Elles sont parfois bombées, c'est-à-dire que leur tracé est un segment de faible courbure. Quant aux trumeaux qui les séparent le goût du moment "est de les tenir le moins large que la construction le peut permettre, eu égard à la solidité", et ces trumeaux sont si étroits que les persiennes extérieures, invention récente, se touchent.

La nuit, les fenêtres sont obturées par des "guichets brisés" ou "volets à feuilles" intérieurs décorés de moulures, pliants, escamotables, assurant la sécurité et la défense contre le froid, ils sont montés avec des fiches à broches, se repliant dans les embrasures. On les orne sur les deux faces de façon que le soir le décor des boiseries soit ininterrompu. Pour permettre la vue du jardin même étant assis, leurs allèges sont tenues plus basses que la boiserie d'appui lorsque les fenêtres ne descendent pas jusqu'au plancher. On peut placer devant les allèges, des banquettes de croisées, qui sont "d'une grande commodité dans les appartements".
Les fenêtres sont alors dites croisées à banquettes. On y dispose souvent des carreaux (coussins).

Les premières fenêtres à grands carreaux apparaissent à Paris, dans les appartements du Palais Bourbon, en 1721; peu après Jacques François Blondel parle des "fenêtres à grands panneaux de glace, ce qui donne un air de grandeur et procure plus de lumière dans les appartements à cause de la suppression des petits bois".
Gabriel les utilise au Garde-Meubles et au Petit Trianon. On trouve aussi des croisées à châssis moulurés avec de grandes glaces dans les traverses chantournées pour s'assortir au contour sinueux des panneaux des boiseries, comme aux hôtels Salé et d'Evreux, et au Trianon de l'hôtel Matignon. Des fenêtres à double châssis pour l'hiver sont mentionnées par Daviler en 1738. On en voit encore à l'hôtel Biron à Paris.

Les volets extérieurs dits contrevents ou persiennes (on les trouve à partir de 1750 chez Mesdames à Versailles et à Compiègne en 1755), sont toujours peints en blanc. Ils sont nécessaires (surtout dans le Midi où l'on emploie aussi les jalousies faites de lattes de bois mobiles coulissant verticalement) et se rabattant contre le mur extérieur nuisent quelque peu à l'architecture des façades, à moins qu'on ne les aient prévus à l'origine comme au château de Guiry-en-Vexin (Val d'Oise). Pour remédier à cet inconvénient, à la fin du siècle on les fait quelquefois coulisser dans le mur, comme à l'hôtel de la Préfecture à Besançon (Doubs). Les balcons de fer forgé, peints en vert de Russie ou bleu très foncé, ou en noir, ont parfois des ornements de tôle repoussée, dorée.

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